Ils viennent de Charleville-Mézières, mais aussi de Rethel, de Vireux-Wallerand, Givet, Revin… À l’initiative de l’association Initiales, tous étaient rassemblés vendredi, dans une ambiance très chaleureuse pour la 17e édition du festival de l’écrit dans l’enceinte de la bibliothèque du quartier de la Ronde-Couture.
L’occasion de s’adonner à de multiples ateliers autour de l’écriture et de la parole au cours de la journée : contes, calligraphie, lettres, écriture à la plume d’oie, rédaction de proverbes, etc. Mais aussi, pour 70 lauréats de se voir remettre un diplôme ainsi que le recueil des écrits de chacun dans un ouvrage joliment édité.
Tous, pour des raisons diverses (immigration, déscolarisation, isolement…), sont longtemps demeurés éloignés de l’écrit et de la langue. Aussi ce moment fut, pour eux, la consécration du travail effectué dans les divers ateliers, pendant un an, dans les centres socio-culturels du département. « Quel que soit le niveau de chacun, chaque mot appris est un nouveau pas dans la langue et un pas de plus vers les autres », explique Edris Abdel Sayed, organisateur de l’événement et directeur d’Initiales. Avec pour seul aiguillon, le plaisir.
Tassadit, femme du Magreb, à l’œil pétillant, participe depuis 2005, avec une délectation manifeste, aux ateliers du centre culturel Alliance à Givet. « J’aime écrire et surtout lire… Avec ces ateliers je peux partager et échanger. » Quant à Marie-Louise, mère au foyer, elle évoque, sa soif de connaissance et sa curiosité.Tandis que Malika, de Fumay, s’exerce avec bonheur à la calligraphie. Christophe, animateur de l’association Lire malgré tout, détaille : « Il y a dans cette pratique une dimension artistique, qui développe le goût du geste et de l’écriture et c’est d’autant plus plaisant que l’on est tous débutants et donc à égalité ».
Ouvrir des portes
De son côté, Khadouj, femme d’origine marocaine, a appris à décrypter au centre social de Manchester les revues qu’elle reçoit dans sa boîte à lettre comme le Carolo Mag. Une façon de mieux appréhender le monde qui l’entoure. D’autres enfin se sont racontés en couchant un moment de leur vie sur le papier. « Nous sommes tout porteurs d’une histoire et d’une mémoire et quand on la partage on sort de l’exclusion, de l’isolement en développant le sentiment d’appartenance. La langue permet de sortir de l’isolement, trouver un travail, participer à la vie culturelle d’une commune », explique le directeur d’Initiales.
Fatima, 67 ans, de Nouzonville en est un bel exemple. « Je lis déjà des petites phrases dans le journal… j’espère pouvoir, un jour, remplir les papiers toute seule. » Quant à Geneviève, émue lors de la remise de prix, elle a signalé à l’assemblée que ce moment marquait pour elle une nouvelle étape de sa vie personnelle et professionnelle.
Preuve que la langue « aide à ouvrir des portes ».